La splendeur retrouvée de la basilique Saint-Denis

À l’occasion de l’assemblée générale ordinaire du 17 mai 2019 à Saint-Denis a été organisée une visite de la basilique cathédrale Saint-Denis et de l’exposition sur La Splendeur retrouvée de la basilique Saint-Denis, guidée par le Professeur Jean-Michel Leniaud, vice-président de l’A.H.H. et commissaire général de l’exposition, qu’il présente ci-dessous. Jean-Michel Leniaud est aussi directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Il a été directeur de l’École nationale des chartes de 2011 à 2016.

L’exposition présente une phase de l’histoire de la basilique, mal connue du public, celle de la première moitié du xixe siècle, entre les ruines révolutionnaires et les travaux de Viollet-le-Duc. Elle veut mettre en évidence l’œuvre de François Debret (1813 – 1846), inscrite aujourd’hui dans le contexte de l’émer­gence de l’État national à l’époque romantique : Saint-Denis n’est pas seulement la basi­lique des rois, mais aussi le temple où sont déposés les pénates de l’histoire nationale.

L’intervention de François Debret re­flète, de la fin de l’Empire à la monar­chie de Juillet, les infléchissements de ce programme : ci­metière des souve­rains, commémora­tion perpétuelle par le truchement d’un chapitre créé par Napoléon, livre de pierre orné de pein­ture murale et de vitrail où s’inscrit la gloire des armes, des lettres et des arts selon un récit destiné à réconcilier tous les Français par l’évocation des fastes de la Nation.

Cette intervention s’inscrit, sous l’angle culturel, dans le double contexte du romantisme et de la révolution industrielle. Romantisme ? Il est marqué par le goût de la couleur qu’expriment les peintures murales et les vitraux, ainsi que par la recherche du détail concret et pittoresque. Révolution industrielle ? L’art de la restauration monumentale doit tendre la main aux nouveaux matériaux et aux techniques qu’inventent les ingénieurs dès la fin de la Restauration.

Debret, dans l’ambiance romantique et sous le règne de l’industrie, va inventer une pratique, pour ainsi dire nouvelle, celle de la restauration monumentale dans le cadre d’un programme de réutilisation. On entre dans l’ère de la restauration monumentale. On constate que l’acte de restaurer ne relève pas d’une logique « autonome », mais découle d’un contexte politique et culturel qui impose la finalité et les modalités.

Viollet-le-Duc succède à Debret en 1846 : ses interventions seront en contradiction totale avec celles de ses prédécesseurs et viseront, pour la plupart d’entre elles, à les détruire, mais pas toujours avec succès : l’œuvre de Debret reste considérablement présente dans la basilique.

C’est cette étonnante histoire que l’exposition présente au public : elle commence par la tentative révolutionnaire d’éradiquer la mémoire des rois ; elle s’achève par l’émotion suscitée par l’effondrement de la flèche nord.

Elle se déploie dans six chapelles de la crypte, qui inciteront à un parcours dans la basilique pour apprécier in situ les réalisations de François Debret.

Jean-Michel Leniaud.