Biswang

Cette famille artisanale alsacienne de Ribeauvillé suit sa filiation depuis le xviie siècle avec un certain Jean-Jacques Biswang (1624 – 1688), armurier. Un siècle plus tard, la famille gagne Guémar puis Sélestat. Optant pour la France après 1871, elle a donné trois légionnaires consécutifs au xxe siècle.

François-Antoine Biswang (Guémar, 1761 – ibid., 1848), engagé volontaire en 1777 comme trompette au régiment de Languedoc-cavalerie, fit les campagnes de 1792 à l’an IV aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse et fut blessé de trois coups de sabre au blocus de Valenciennes en 1793 en sauvant le trésor du régiment ; à Altenkirchen (an IV), il parvint à dégager le colonel du régiment enveloppé par les Autrichiens et sur le point de succomber. Sous-lieutenant à l’armée du Rhin (an V), il fit campagne en Allemagne de l’an VI à l’an IX, et eut un cheval tué sous lui d’un boulet alors qu’il chargeait l’ennemi à Kehl (an VIII). Reçu légionnaire le 13 juin 1804, il servit encore à l’armée de Naples de l’an XIII à 1807, année de sa retraite à l’issue de trente ans de services. Il fut admis en 1808 au collège électoral de Guémar.

Son arrière petit-fils Étienne Biswang (Sète, 1880 – Batz-sur-Mer, 1958), saint-cyrien, fait partie de la promotion de la Légion-d’Honneur (1901 – 1903). Sous-lieutenant (1903), lieutenant (1905), capitaine (1914), chef de bataillon (1918) et lieutenant-colonel (1937) d’infanterie, il fut de tous les combats de la Grande Guerre, sauf pendant une brève période de 1917 où il fut détaché comme instructeur des troupes russes. Blessé par éclats d’obus aux Grandes Perthes (1914), il reprit le combat sitôt rétabli. Au commandement d’un régiment d’infanterie, il fut un des artisans de la victoire de l’Ailette, composante de la 2e victoire de la Marne (1918). Officier de la Légion d’honneur (1928), chevalier de 1re classe de l’ordre suédois de l’Épée, il eut quatre enfants dont trois fils nés à Montauban, tous légionnaires.

Le cadet, François Biswang (1917 – Le Chesnay, 2005), commandant de l’air breveté navigateur et pilote de bombardement, fit la campagne de France (1939-1940) puis s’illustra en Indochine (1953-1954), où il sera le dernier pilote à réussir une évacuation sanitaire de Dien Bien Phu en décollant au milieu des tirs et des rafales. Retraité militaire, il devint ensuite commandant de bord et instructeur dans l’aviation civile (1962 – 1977). Définitivement retraité avec plus de 15 000 heures de vol, il était commandeur de la Légion d’honneur.

Son puîné, Jean Biswang (1919 – Astaffort, 1944), engagé volontaire (1939) et instructeur des recrues au centre de dragons portés d’Angers, reçut son baptême du feu en défendant le pont d’Anconis à la tête d’un peloton d’instruction (1940). Blessé mais non capturé, il rejoignit l’École de cavalerie repliée à Tarbes (1942), mais fut rendu à la vie civile après l’invasion de la Zone libre (1942). Il rejoint alors la Résistance sous le nom de capitaine Béranger, mais tombe crânement le 13 juin 1944 dans un combat inégal. Nous sommes 140 ans jour pour jour après la réception de son ancêtre François-Antoine dans la Légion d’honneur, qui lui sera décernée à titre posthume en 1962.

Leur aîné, Pierre Biswang (1913 – Toulouse, 1990), sous-lieutenant de réserve (1937), passe ensuite dans la gendarmerie, dont il est sous-lieutenant (1938), lieutenant (1940) puis capitaine (1945). Blessé au combat et cité au cours de la campagne de 1939-1940, il profita pendant l’Occupation de ses fonctions à l’état-major du général commandant la gendarmerie de la région parisienne pour relever les points d’appui allemands et renseigner la Résistance. Devenu intendant militaire (1946), il exerça à Versailles, Montauban, Diégo-Suarez, Nevers, Alger, Oran, Trèves et Mannheim (chef de la branche « plans » des groupes d’armées Centre de l’OTAN). Retraité à Villeneuve-sur-Lot (1966), il se consacre alors beaucoup au comité local de l’Association d’entraide des membres de la Légion d’honneur, dont il était officier (14 mars 1975).

Son fils aîné, filleul de son oncle Jean, est le troisième légionnaire de la famille et notre confrère : Pierre-Guy Biswang (Nantes, 1938 ; AHH 753), docteur en droit de la faculté de Paris et reçu en 1962 au tout nouveau concours d’entrée dans la magistrature. Sa carrière le vit substitut du procureur à Fort-de-France (Martinique, 1967), juge d’instruction à Tarbes (1973) et à Paris (1974), et conseiller (1988) puis président de chambre (1993) et premier président par intérim (2003) à la cour d’appel de Paris. Retraité après 40 années consacrées à la justice (2004), capitaine de réserve de gendarmerie, il est chevalier de la Légion d’honneur (7 juin 2008) et chevalier de l’ordre national du Mérite (1987). Marié en 1966 avec Claudette-Marie Laval, il est père de trois enfants.

Bulletin de l’AHH, n° 51, 2009.