La transmission de l'esprit de mémoire: le château de l'Empéri (Salon-de-Provence)

Le service de l’État se traduit dans ma famille, pour une bonne part, par le service des armes.

Il s’accompagne de la conservation de souvenirs militaires qui peuvent maintenant être qualifiés d’historiques. S’ils font mon bonheur, force est de constater avec un brin de bonne volonté que cette accumulation met la patience de mon épouse à rude épreuve, d’une part, et que se pose, à chaque génération, la question de leur préservation et transmission, d’autre part.

J’ai donc opté pour un don de nombreuses pièces d’uniformes conservées jusqu’à présent à mon domicile.

Encore fallait-il trouver une structure de réception intéressée et garantissant une préservation à laquelle je suis très attaché.

J’ai finalement opté pour le château de L’Empéri, situé à Salon-de-Provence.

Santé du prince et santé publique

Il y a deux cents ans, le 5 mai 1821, Napoléon Ier, fondateur de la Légion d’honneur, mourait à Longwood, sur l’île britannique de Sainte-Hélène. Le bicentenaire en tombera donc le 5 mai 2021, et diverses manifestations étaient prévues à cette occasion, à Sainte-Hélène, à l’île d’Aix, à Fontainebleau, à Paris, à Rueil-Malmaison, à Ajaccio ou ailleurs. Le conseil d’administration de notre association avait lui-même prévu de marquer cet anniversaire dans notre modeste Bulletin.

Mais hormis le calendrier, rien n’a échappé aux perturbations de la pandémie. Même les domaines nationaux français à Sainte-Hélène ont annulé leur cérémonie annuelle. De notre côté, il nous a aussi paru que des circonstances aussi exceptionnelles primaient sur une commémoration historique. Et le conseil d’administration a finalement décidé de consacrer la présente livraison aux services rendus à la santé par des familles comptant trois légionnaires consécutifs.

Du reste, l’Empereur n’aurait-il pas approuvé pareil hommage, lui qui avait tenu à ouvrir la Légion d’honneur aux civils et qui avait approuvé un signe héraldique particulier pour les « barons officiers de santé attachés aux armées » ? Et lui-même ne peut-il d’ailleurs pas y trouver sa propre place, comme patient et comme administrateur, alors que sa santé était loin d’être florissante et que la médecine était sortie de la Révolution en piètre état ?

Quelques points d'histoire

3 décembre 1805

Le lendemain de la bataille des Trois-Empereurs, Napoléon va coucher au château d'Austerlitz. Des fenêtres, il peut voir le dos du plateau du Pratzen, où fut scellée sa victoire. C'est là, sur une table qui existe toujours, que Méneval, son secrétaire particulier, écrit sous sa dictée la célèbre proclamation datée du petit bourg d'Austerlitz.

Ce même mardi 3 décembre, Napoléon écrit à Joséphine : « je suis un peu fatigué, j'ai bivouaqué 8 jours en plein air par des nuits assez fraîches ».

Le 4 décembre, à 15 kilomètres d'Austerlitz, à « son bivouac », il reçoit l'empereur d'Autriche devant la masse impressionnante de la Garde immobile, l'arme au pied et dans le plus grand silence. Après l'entretien, Napoléon monte à cheval et lance à son état-major : « Messieurs, nous retournons vers Paris, la paix est faite ».